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Les suites opératoires et complications

Publié dans Chirurgie de la Thyroide

Les suites opératoires et complications

Elles sont habituellement très simples

La cicatrice

Vous conserverez bien sûr une cicatrice qui, pendant quelques semaines, sera assez visible, parfois entourée d’un oedème (gonflement), surtout au-dessus. Cet oedème est tout à fait normal. Il s’accentue souvent à partir des 3ème ou 4ème jours postopératoires, c’est-à-dire après votre retour à domicile. L’œdème postopératoire est caractéristique de toute cicatrice, mais probablement plus visible au niveau du cou...
Vous pouvez réduire rapidement cet œdème et assouplir vous-même votre cicatrice par des petits massages circonférentiels à débuter lorsqu’elle n’est plus douloureuse. Dans tous les cas, ne mettez pas de pommade avant le 10ème jour.
Vous ne devez pas mouiller la cicatrice pendant quelques jours, et vous devez éviter les semaines suivantes le contact avec des vêtements en tissu synthétique ainsi que l’utilisation de produits de beauté colorés. Enfin, le soleil pouvant entraîner une pigmentation permanente, il est recommandé pendant plusieurs mois d’utiliser un écran total.
Après quelques mois, si vous cicatrisez bien, on ne verra que très peu votre incision. Il ne faut pas s’inquiéter de l’aspect de la cicatrice dans les premiers jours voire dans les premières semaines, car l’aspect définitif (cicatrice quasi invisible) n’est attendu qu’à partir de plusieurs mois.
Une formation de cicatrices dites « chéloïdes » peut rarement se produire. Elles peuvent être améliorées par une prise en charge spécifique.


Gêne cervicale

Pendant toute votre convalescence (d’une durée d’un mois au maximum) et peut être pendant un peu plus longtemps, vous pourrez garder une petite gêne pour avaler, une voix un peu enrouée. Ces troubles disparaîtront par la suite.


Les risques opératoires

N’oubliez pas qu’ils sont très faibles et qu’ils dépendent de facteurs variés : la pathologie opérée (les risques sont accrus en cas de réintervention, d’hyperthyroïdie ou de cancer étendu), vous-même (si vous prenez des médicaments susceptibles de faire saigner par exemple), et bien sûr le chirurgien, plus il est expérimenté, moins le risque est élevé.

Certains risques sont communs à tout acte chirurgical : hématome superficiel ou infection de la cicatrice (moins de 0.5%)


D’autres sont plus spécifiques à la chirurgie de la thyroïde

Hématome compressif du cou imposant une réintervention en urgence (moins de 1%)


Les troubles de la voix

Contrairement à une opinion répandue, vous ne devriez garder à distance aucun trouble pour parler. Si votre voix change après l’intervention, ceci ne sera généralement que transitoire. Dans quelques cas, il est cependant nécessaire de faire quelques séances de rééducation de la voix. Les troubles graves et définitifs sont exceptionnels (moins de 1%).
Les troubles de la voix sont dus à la chirurgie au voisinage du nerf de la voix ou à une inflammation du larynx (résultat de l'irritation causée par le tube anesthésique). En cas d’altération vocale marquée, un examen laryngoscopique est demandé à nos confrères ORL à la recherche de la paralysie d’une corde vocale. Les symptômes vocaux disparaissent en quelques semaines ou quelques mois. La récupération peut être accélérée par la prescription de quelques séances de rééducation auprès d’une orthophoniste. Ceci est cependant rarement nécessaire. Une atteinte du nerf récurrent
peut parfois causer une raucité ou une faiblesse de la voix plus tenace: ceci est cependant un événement rare et évitable. Occasionnellement, lorsqu'il y a un cancer, le nerf récurrent est détruit, envahi par le cancer. Dans ces cas, la perte du nerf est inévitable si on veut enlever complètement la tumeur. En cas d’atteinte du nerf récurrent, une dyspnée (gêne respiratoire, notamment à l’inspiration et à l’effort), ou des troubles de la déglutition (fausses routes alimentaires faisant tousser, en particulier lors de la prise de boissons) peuvent coexister avec les
troubles de la voix. Tous ces troubles régressent en même temps dans la plupart des cas.
Les paralysies bilatérales sont exceptionnelles (moins de 1 pour 1000 interventions).
Ces complications graves peuvent avoir pour conséquence une réintubation pendant quelques jours, voire la confection d’une trachéotomie transitoire ou d’un geste ORL afin d’élargir l’espace entre les deux cordes vocales.


Une chute du calcium dans le sang (« hypocalcémie »)

Parfois, et seulement si l’intervention a porté sur les 2 côtés de la thyroïde (thyroïdectomie totale, subtotale ou quasitotale), il se produit une baisse du taux de calcium dans le sang qui entraîne quelques troubles, notamment des fourmillements autour de la bouche, dans les mains et les pieds. Généralement, tout rentre dans l’ordre en quelques jours ou en quelques semaines, spontanément ou après administration transitoire de calcium par la bouche. Ce n’est que dans environ 1% des cas que du calcium devra être prescrit à vie.
Ceci est dû au fait que des petites glandes parathyroïdes (au nombre de quatre, chacune mesurant seulement 4 à 6 millimètres de grand axe), intimement accolées à la glande thyroïde, doivent transitoirement récupérer de la dissection minutieuse que fera le chirurgien pour les préserver (en cas d’impossibilité anatomique de dissection, le chirurgien pourra même aller jusqu'à vous les retransplanter dans un muscle du cou pour diminuer les risques d’hypocalcémie prolongée).

Au total les risques existent, mais ils sont très faibles et les complications définitives ne se rencontrent que chez moins de 2% des patients opérés. Même lorsqu’elles ne récupèrent pas ces complications sont toujours soignables, parfois au prix d’un traitement à vie (calcium et vitamine D pour les hypocalcémies) ou d’une rééducation de la voix.